Cool 1

Vous êtes cool, mais êtes-vous heureux ?

L´après mai 68 a vu la société française prendre un virage à 180 degrés vers plus de liberté dans nos façons d´être et de relationner. La fin soudaine de la pression qui nous dictait ce à quoi il fallait ressembler a laissé place au sentiment qu’absolument tout était possible y compris n´importe quoi, le tout sans véritablement de conséquence. La destitution des maîtres extérieurs a laissé croire qu´il devenait possible de vivre sans plus d´autre guide.

De ce sentiment est né une attitude élevée au rang de valeur. Être cool ne pouvait être synonyme que de bien-être.

Mais est-ce si sûr ?

Il est nécessaire de se libérer au mieux de toute pression extérieure pour construire une vie indépendante. Mais ce n’est pas une finalité, juste la première étape sur le chemin de notre évolution personnelle. La tentation de la facilité peut nous arrêter après ce premier pas et nous faire tomber dans un piège tout aussi dangereux.

Se libérer implique de prendre seul la responsabilité de sa vie. C´est à ce moment précis que des efforts qui n’ont rien de naturels dans l'euphorie de notre liberté enfin trouvée vont être nécessaires. Plus personne ne nous dit ce que nous avons à faire, c’est nous qui devons le découvrir pour nous réaliser. Nous sommes libérés et c'est maintenant que nous devons passer à l’action, prendre des décisions, nous positionner.

Être cool peut certes se révéler modérateur et apaisant dans nos relations mais certainement pas nous aider à avancer dans la construction et l’estime de ce que nous sommes. Être cool tend à s´éviter de faire des choix donc d’avoir à manifester un quelconque courage. C’est le choix de ne pas faire de choix, de ne pas donner de direction à sa vie, de ne pas s’y engager.

C’est souvent la première finalité d’une jeunesse qui vient de se libérer de la responsabilité imposée par ses parents et qui n’est pas encore consciente qu’elle doit la remplacer par la sienne.

Nous n’en sommes pas vraiment conscients, mais ce piège est dangereux pour les hommes. La société nous privilégie à bien des égards et ne nous contraint pas à prendre notre vie en main comme elle le fera inévitablement pour une femme. Nous pouvons continuer une vie durant à jouer sans nous engager. Une femme devra au minimum mettre au monde une partie de notre humanité avec les souffrances et les responsabilités inhérentes. Peut-on vraiment rester cool en accouchant ?

Même nos mères n’ont pas toujours la même façon de nous pousser sachant, comble d’ironie, que nous sommes moins armés que leurs filles pour prendre la responsabilité de nos vies. Une société que nous avons formatée pour nous favoriser ne va pas beaucoup nous aider.

Heureusement la vie est là pour amener les expériences dont nous avons besoin. Il faudra du courage pour remplacer les maitres extérieurs par un véritable guide intérieur qui nous mènera vers la plus grande image que nous avons de nous-même. S’il n’est pas tyran, il saura se montrer exigeant pour nous amener tout là-haut, loin de toute considération cool. Il nous apprendra le respect de nous-même, le plus beau des cadeaux que nous puissions nous offrir.

Be happy, mais pas trop cool... Beaucoup de travail pour être heureux mais ça en vaut vraiment la peine 

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